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dans un rêve qui s’exaspérait. Aucun repos ne leur était laissé, les continuelles prières étaient comme un fouet cinglant leurs âmes. Jamais les appels à la sainte Vierge ne cessaient, des prêtres se succédaient dans la chaire, criant la douleur universelle, dirigeant les supplications désespérées de la foule, pendant tout le temps que les malades demeuraient là, devant la pâle statue de marbre, qui souriait, les mains jointes, les yeux au ciel.

À ce moment, la chaire de pierre blanche, à droite de la Grotte, contre le roc, se trouvait occupée par un prêtre de Toulouse, que Berthaud connaissait et qu’il écouta un instant, d’un air approbateur. C’était un gros homme, à la parole grasse, célèbre par ses succès oratoires. D’ailleurs, toute l’éloquence consistait ici en des poumons solides, en une façon violente de lancer la phrase, le cri, que la foule entière devait répéter ; car ce n’était guère qu’une vocifération, coupée d’Ave et de Pater.

Le prêtre, qui venait d’achever le chapelet, tâcha de se grandir sur ses courtes jambes, jeta le premier appel des litanies qu’il inventait, qu’il conduisait à sa guise, selon l’inspiration dont il était possédé.

— Marie, nous vous aimons !

Et la foule répéta, d’un souffle plus bas, confus et brisé :

— Marie, nous vous aimons !

Dès lors, cela ne s’arrêta plus. La voix du prêtre sonnait à toute volée, la voix de la foule reprenait, dans un balbutiement de douleur :

— Marie, vous êtes notre seul espoir !

— Marie, vous êtes notre seul espoir !

— Vierge pure, faites-nous plus purs, parmi les purs !

— Vierge pure, faites-nous plus purs, parmi les purs !

— Vierge puissante, sauvez nos malades !

— Vierge puissante, sauvez nos malades !

Souvent, lorsque son imagination restait à court, ou