Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus compacte, à mesure qu’on avançait. Sur la place du Rosaire, déjà l’on marchait avec peine.

— Il ne faut pas songer à nous approcher de la Grotte, dit-il en s’arrêtant. Le mieux serait de gagner une allée, derrière l’Abri des pèlerins, et d’attendre là.

Mais Marie désirait vivement voir le départ de la procession.

— Mon ami, de grâce, tâchez d’aller jusqu’au Gave. Je verrai de loin, je ne demande pas à m’approcher.

Et M. de Guersaint, aussi curieux qu’elle, insista à son tour.

— Ne vous inquiétez pas, je suis là derrière, et je veille à ce que personne ne la bouscule.

Pierre dut se remettre à tirer le chariot. Il lui fallut un quart d’heure, avant de passer sous une des arches de la rampe de droite, tellement la foule s’y écrasait. Ensuite, il obliqua un peu, finit par se trouver sur le quai, au bord du Gave, où de simples spectateurs occupaient le trottoir ; et il put s’avancer encore pendant une cinquantaine de mètres, il arrêta le chariot contre le parapet même, bien en vue de la Grotte.

— Serez-vous bien là ?

— Oh ! oui, merci ! Seulement, il faut m’asseoir, j’en verrai davantage.

M. de Guersaint la mit sur son séant, et lui-même monta sur le banc de pierre qui règne d’un bout à l’autre du quai. Une cohue de curieux s’y entassaient, ainsi qu’aux soirs de feu d’artifice. Tous se grandissaient, allongeaient le cou. Et Pierre, comme les autres, s’intéressa, bien qu’on ne vît encore pas grand’chose.

Il devait y avoir là trente mille personnes ; et du monde arrivait toujours. Tous portaient à la main un cierge, enveloppé dans une sorte de cornet de papier blanc, où était imprimée, en bleu, une image de Notre-Dame de Lourdes. Mais ces cierges n’étaient pas allumés encore. On n’apercevait,