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Lorsque Gérard, à son tour, fut parti de son côté, retournant à son service, M. de Guersaint dit à Pierre :

— Et notre coiffeur de la place du Marcadal ? Il faut pourtant que j’aille chez lui… Vous m’accompagnez toujours, n’est-ce pas ?

— Sans doute, où vous voudrez. Je vous suis, puisque Marie n’a pas besoin de nous.

Ils gagnèrent le pont neuf, par les allées des vastes pelouses qui s’étendent devant le Rosaire. Et là, ils firent encore une rencontre, celle de l’abbé Des Hermoises, en train de guider deux jeunes dames, arrivées le matin de Tarbes. Il marchait au milieu d’elles, de son air galant de prêtre mondain, et il leur montrait, leur expliquait Lourdes, en leur en évitant les côtés fâcheux, les pauvres, les malades, toute l’odeur de basse misère humaine, qui en avait presque disparu, par cette belle journée ensoleillée.

Au premier mot de M. de Guersaint, qui lui parlait de la location de la voiture, pour l’excursion de Gavarnie, il dut avoir peur de quitter ses jolies promeneuses.

— Comme il vous plaira, cher monsieur. Chargez-vous de ces choses ; et, vous avez bien raison, au plus juste prix, car j’aurai avec moi deux ecclésiastiques peu fortunés. Nous serons quatre… Ce soir, faites-moi seulement dire l’heure du départ.

Et il rejoignit ses dames, il les emmena vers la Grotte, en suivant l’allée ombreuse qui borde le Gave, une allée fraîche et discrète d’amoureux.

Pierre s’était tenu à l’écart, las, s’adossant au parapet du pont neuf. Et, pour la première fois, le pullulement extraordinaire des prêtres, parmi la foule, le frappait. Il les regarda passer, innombrables, sur le pont. Toutes les variétés défilaient devant lui : les prêtres corrects, arrivés avec le pèlerinage, que l’on reconnaissait à leur assurance et à leurs soutanes propres ; les pauvres curés de