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grand nombre de miracles. Pourtant, elle ne retint que trente guérisons, pour que l’évidence fût absolue. Et Mgr Laurence se déclara convaincu. Il fit preuve cependant d’une prudence dernière, il attendit trois années encore, avant de déclarer, dans un mandement, que la sainte Vierge était réellement apparue, à la Grotte de Massabielle, et que des miracles nombreux s’y étaient ensuite produits. Il avait acheté de la ville de Lourdes, au nom de l’Évêché, la Grotte, avec le vaste terrain qui l’entourait. Des travaux s’exécutèrent, modestes d’abord, bientôt de plus en plus importants, à mesure que l’argent affluait de toute la chrétienté. On aménageait la Grotte, on la fermait d’une grille. Le Gave était rejeté au loin, dans un lit nouveau, pour établir de larges approches, des gazons, des allées, des promenades. Enfin, l’église que la sainte Vierge avait demandée, la Basilique, commençait à sortir de terre, au sommet de la roche même. Depuis le premier coup de pioche, le curé de Lourdes, l’abbé Peyramale, dirigeait tout, avec un zèle excessif, car la lutte avait fait de lui le croyant le plus ardent, le plus sincère de l’œuvre. Avec sa paternité un peu rude, il s’était mis à adorer Bernadette, il se donnait corps et âme à la réalisation des ordres qu’il avait reçus du ciel, par la bouche de cette innocente. Et il s’épuisait en efforts dominateurs, et il voulait que tout fût très beau, très grand, digne de la Reine des Anges, qui avait daigné visiter ce coin de montagnes. La première cérémonie religieuse n’eut lieu que six ans après les apparitions, le jour où l’on installa en grande pompe, dans la Grotte, une statue de la Vierge, à l’endroit où celle-ci était apparue. Ce matin-là, par un temps magnifique, Lourdes s’était pavoisé, toutes les cloches sonnaient. Cinq ans plus tard, en 1869, la première messe fut dite dans la crypte de la Basilique, dont la flèche n’était point terminée. Les dons augmentaient sans cesse, un