— Sans doute, sans doute, nous ne demandons que la lumière… Le difficile serait de composer cette commission. Si vous saviez comme on s’entend peu !… Enfin, il y a certainement là une idée.
Il fut secouru par l’arrivée d’une nouvelle malade. Pendant que la petite Sophie Couteau se rechaussait, déjà oubliée, Élise Rouquet parut, avec sa face de monstre, qu’elle étala, en ôtant son fichu. Depuis le matin, elle se lotionnait avec des linges, à la fontaine, et il lui semblait bien, disait-elle, que sa plaie, si avivée, commençait à sécher et à pâlir. C’était vrai, Pierre constatait, très surpris, que l’aspect en était moins horrible. Ce fut un nouvel aliment à la discussion sur les plaies apparentes ; car le petit monsieur blond s’entêtait dans son idée de la création d’une salle spéciale : en effet, si l’on avait constaté, le matin même, l’état de cette fille, et si elle guérissait, quel triomphe pour la Grotte d’avoir ainsi guéri un lupus ! Le miracle ne serait plus niable.
Jusque-là, le docteur Chassaigne s’était tenu à l’écart, immobile et muet, comme s’il eût voulu laisser les faits seuls agir sur Pierre. Brusquement, il se pencha, pour lui dire à demi-voix :
— Les plaies apparentes, les plaies apparentes… Ce monsieur ne se doute pas qu’aujourd’hui nos savants médecins soupçonnent beaucoup de ces plaies d’être d’origine nerveuse. Oui, l’on découvre qu’il y aurait là simplement une mauvaise nutrition de la peau. Ces questions de la nutrition sont encore si mal étudiées !… Et l’on arrive à prouver que la foi qui guérit peut parfaitement guérir les plaies, certains faux lupus entre autres. Alors, je vous demande quelle certitude il obtiendrait, ce monsieur, avec sa fameuse salle des plaies apparentes ! Un peu plus de confusion et de passion dans l’éternelle querelle… Non, non ! la science est vaine, c’est la mer de l’incertitude.
Il souriait douloureusement, tandis que le docteur