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Le docteur Chassaigne attendait Pierre devant le bureau médical des constatations. Mais il y avait là une foule compacte, fiévreuse, guettant les malades qui entraient, les questionnant, les acclamant à la sortie, lorsque se répandait la nouvelle du miracle, un aveugle qui voyait, une sourde qui entendait, une paralytique qui retrouvait des jambes neuves. Et Pierre eut grand’peine à traverser cette cohue.

— Eh bien ! demanda-t-il au docteur, allons-nous avoir un miracle, mais un vrai, incontestable ?

Le docteur sourit, indulgent dans sa foi nouvelle.

— Ah ! dame, un miracle ne se fait pas sur commande. Dieu intervient quand il veut.

Des hospitaliers gardaient sévèrement la porte. Tous le connaissaient, et ils s’écartèrent respectueusement, ils le laissèrent entrer, avec son compagnon. Ce bureau, où les guérisons étaient constatées, se trouvait installé fort mal dans une misérable cabane en planches, qui se composait de deux pièces, une étroite antichambre et une salle commune de réunion, insuffisante. D’ailleurs, il était question d’améliorer ce service, en le logeant plus au large, tout un vaste local, sous une des rampes du Rosaire, et dont on préparait déjà l’aménagement.

Dans l’antichambre, où il n’y avait qu’un banc de bois, Pierre aperçut deux malades assises, attendant leur tour, sous la surveillance d’un jeune hospitalier. Mais, lorsqu’il