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fardeau, sa fillette pareille à un Jésus de cire, le capucin se laissa tomber sur les genoux, les bras en croix, criant : « Seigneur, guérissez nos malades ! » Et il répéta ce cri dix fois, vingt fois, avec une furie croissante, et la foule le répéta chaque fois, s’exaltant davantage à chaque cri, sanglotant, baisant la terre. Ce fut un vent de délire qui passa, abattant tous les fronts. Pierre demeura bouleversé par le sanglot de souffrance qui montait des entrailles de ce peuple, une prière d’abord, de plus en plus haute, où éclatait bientôt une exigence, une voix d’impatience et de colère, assourdissante et acharnée, pour faire violence au ciel. « Seigneur, guérissez nos malades !… Seigneur, guérissez nos malades !… » Et le cri ne cessait pas.

Mais il y eut un incident. La Grivotte pleurait à chaudes larmes, parce qu’on ne voulait pas la baigner.

— Ils disent comme ça que je suis phtisique et qu’ils ne peuvent pas tremper les phtisiques dans l’eau froide… Ce matin encore, ils en ont trempé une, je l’ai vue. Alors, pourquoi pas moi ?… Je me tue à leur jurer depuis une demi-heure qu’ils font de la peine à la sainte Vierge. Je vais être guérie, je le sens, je vais être guérie…

Comme elle commençait à faire scandale, un des aumôniers des piscines s’approcha, tâcha de la calmer. On verrait tout à l’heure, on allait demander l’avis des révérends pères. Si elle était bien sage, on la baignerait peut-être.

Le cri continuait : « Seigneur, guérissez nos malades !… Seigneur, guérissez nos malades !… » Et Pierre, qui venait d’apercevoir madame Vêtu, attendant elle aussi devant les piscines, ne pouvait détourner les yeux de cette face torturée d’espoir, les yeux fixés sur la porte, d’où les bienheureuses, les élues, sortaient guéries. Ce fut au milieu d’un redoublement de prières, d’une frénésie de supplications, que madame Vincent reparut avec sa