grands ouverts pourtant, fixés sur les gens qui passaient.
— Voyez donc, madame, comme elle est tranquille ! Elle se recueille, elle a bien raison de s’abandonner ainsi qu’un petit enfant, entre les mains de Dieu.
Mais, d’une voix qu’on n’entendait pas, d’un souffle à peine, madame Vêtu bégayait :
— Oh ! je souffre, je souffre !
Enfin, à huit heures moins un quart, madame de Jonquière avertit les malades qu’elles feraient bien de se préparer. Elle-même, aidée de sœur Hyacinthe et de madame Désagneaux, reboutonna des robes, rechaussa des pieds impotents. C’était une véritable toilette, car toutes désiraient paraître à leur avantage devant la sainte Vierge. Beaucoup eurent la délicatesse de se laver les mains. D’autres déballaient leurs chiffons, mettaient du linge propre. Élise Rouquet avait fini par découvrir un miroir de poche, entre les mains d’une de ses voisines, une femme énorme, hydropique, très coquette de sa personne ; elle se l’était fait prêter, elle l’avait posé debout contre son traversin ; et, absorbée, avec un soin infini, elle nouait le fichu élégamment autour de sa tête, pour cacher sa face de monstre, à la plaie saignante. Droite devant elle, l’air intéressé profondément, la petite Sophie la regardait faire.
Ce fut l’abbé Judaine qui donna le signal du départ pour la Grotte. Il y voulait accompagner ses chères filles de souffrance en Dieu, comme il disait ; tandis que ces dames de l’Hospitalité et les sœurs resteraient là, afin de mettre un peu d’ordre dans la salle. Tout de suite, la salle se vida, les malades furent descendues, au milieu d’un nouveau tumulte. Pierre, qui avait replacé sur les roues la caisse où Marie était couchée, prit la tête du cortège, formé d’une vingtaine de petites voitures et de brancards. Les autres salles se vidaient également, la cour était