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Et, en bonne amie qui consentait à partager avec lui les besognes de son cœur :

— Puis, si j’ai besoin de quelqu’un pour lever ou coucher une malade, vous me donnerez bien un coup de main ?

Alors, il fut content d’être venu, d’être là, à l’idée qu’il lui serait utile. Il la revoyait à son chevet, lorsqu’il avait failli mourir, le soignant avec des mains fraternelles, d’une bonne grâce rieuse d’ange sans sexe, où il y avait du camarade et de la femme.

— Mais tant que vous voudrez, ma sœur ! Je vous appartiens, je serai si heureux de vous servir ! Vous savez quelle dette de reconnaissance j’ai à payer envers vous ?

Gentiment, elle mit un doigt sur ses lèvres, pour le faire taire. Personne ne lui devait rien. Elle n’était que la servante des souffrants et des pauvres.

À ce moment, une première malade faisait son entrée dans la salle Sainte-Honorine. C’était Marie, que Pierre, aidé de Gérard, venait de monter, couchée au fond de sa caisse de bois. Partie la dernière de la gare, elle arrivait ainsi avant les autres, grâce aux complications sans fin, qui, après les avoir toutes arrêtées, les libéraient maintenant, au hasard de la distribution des cartes. M. de Guersaint, devant la porte de l’Hôpital, avait dû quitter sa fille, sur le désir de celle-ci : elle s’inquiétait de l’encombrement des hôtels, elle voulait qu’il s’assurât immédiatement de deux chambres, pour lui et pour Pierre. Et elle était si lasse, qu’après s’être désespérée de ne pas être conduite à la Grotte tout de suite, elle consentit à ce qu’on la couchât un instant.

— Voyons, mon enfant, répétait madame de Jonquière, vous avez trois heures devant vous. Nous allons vous mettre sur votre lit. Cela vous reposera, de n’être plus dans cette caisse.