Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Madame, le chemin pour aller à la Grotte, s’il vous plaît.

Il y avait là, parmi les femmes qui raccolaient, une grande et forte fille, vêtue en belle servante, l’air très propre, les mains soignées. Elle haussa doucement les épaules. Et, comme un prêtre passait, de poitrine large, le sang au visage, elle se précipita, lui offrit une chambre meublée, continua à le suivre, en chuchotant à son oreille.

— Tenez ! finit par dire à madame Vincent une autre fille apitoyée, descendez par cette route, vous tournerez à droite et vous arriverez à la Grotte.

Sur le quai de débarquement, à l’intérieur de la gare, la bousculade continuait. Pendant que les pèlerins valides et les malades ayant encore des jambes pouvaient s’en aller, déblayant un peu le trottoir, les grands malades s’attardaient là, difficiles à descendre et à emporter. Et, surtout, les brancardiers s’effaraient, couraient follement avec leurs brancards et leurs voitures, au milieu de cette débordante besogne, qu’ils ne savaient par quel bout commencer.

Comme Berthaud, suivi de Gérard, passait en gesticulant, il aperçut deux dames et une jeune fille, debout près d’un bec de gaz, et qui paraissaient attendre. Il reconnut Raymonde, il arrêta vivement son compagnon du geste.

— Ah ! mademoiselle, que je suis heureux de vous voir ! Madame votre mère se porte bien, vous avez fait un bon voyage, n’est-ce pas ?

Puis, sans attendre :

— Mon ami, monsieur Gérard de Peyrelongue.

Raymonde regardait fixement le jeune homme, de ses yeux clairs, souriants.

— Oh ! j’ai le plaisir de connaître un peu monsieur. Nous nous sommes déjà rencontrés à Lourdes.