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Marie reprit la main de Pierre, entre ses petits doigts fiévreux.

— Oh ! mon Dieu ! cet homme qui est mort, et moi qui craignais tant de mourir, avant d’arriver !… Et nous y sommes, nous y sommes enfin !

Le prêtre tremblait d’une émotion infinie.

— C’est que vous devez guérir, Marie, et que je guérirai moi-même, si vous priez pour moi.

La locomotive sifflait plus violente, au fond des ténèbres bleues. On arrivait, les feux de Lourdes brillaient à l’horizon. Et tout le train chantait un cantique encore, l’histoire de Bernadette, l’infinie complainte de six dizaines de couplets, où la Salutation angélique revient sans cesse en refrain, obsédante, affolante, ouvrant le ciel de l’extase.