outragé dans tout Marseille. Le mieux serait de reconduire la jeune fille à Saint-Joseph.
– Non, je ne le veux pas, je ne le peux pas… Blanche n’oserait jamais rentrer chez elle… Elle était à la campagne depuis une semaine à peine ; je la voyais jusqu’à deux fois par jour, dans un petit bois de pins. Son oncle ne savait rien, et le coup a dû être rude pour lui… Nous ne pouvons nous présenter en ce moment.
– Eh bien ! écoute, donne-moi la lettre pour l’abbé Chastanier. Je verrai ce prêtre. S’il le faut, j’irai avec lui chez M. de Cazalis. Nous devons étouffer le scandale. J’ai une tâche à accomplir, la tâche de racheter ta faute… Jure-moi que tu ne quitteras pas cette maison, que tu attendras ici mes ordres.
– Je te promets d’attendre, si aucun danger ne me menace. »
Marius avait pris la main de Philippe, et le regardait en face, loyalement.
« Aime bien cette enfant, lui dit-il d’une voix profonde, en lui montrant Blanche ; tu ne répareras jamais l’injure que tu lui as faite. »
Il allait s’éloigner, lorsque Mlle de Cazalis s’avança. Elle joignait les mains, suppliante, étouffant ses larmes.
« Monsieur, balbutia-t-elle, si vous voyez mon oncle, dites-lui bien que je l’aime… Je ne m’explique pas ce qui est arrivé… Je voudrais rester la femme de Philippe et retourner chez nous avec lui. »
Marius s’inclina doucement.
« Espérez », dit-il.
Et il s’en alla, ému et troublé, sachant qu’il mentait et que l’espérance était folle.