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par la voie des sciences, tous deux ne devaient compter que sur eux-mêmes. Ils se ressemblaient, et les idées de l’un éveillaient dans l’esprit de l’autre des idées semblables.

Daniel, au milieu des hasards de la conversation, conta son histoire, en ayant soin de ne pas parler de la tâche pour laquelle il allait vivre désormais. D’ailleurs, il n’eut pas besoin de se faire violence : il avait mis son dévouement au plus profond de son cœur, et il le tenait là, loin des regards de tous.

Il apprit que son compagnon luttait avec courage contre la pauvreté. Arrivé à Paris sans un sou, ce garçon à l’âme virile, à l’intelligence puissante, s’était dit qu’il deviendrait un des savants distingués de son âge. En attendant de s’élever, il tâchait de vivre ; il gagnait quelque argent à faire des besognes ingrates ; puis, le soir, il étudiait, il veillait parfois la nuit entière.

Tandis qu’ils se confiaient l’un à l’autre avec l’abandon de la jeunesse, l’ombre sous les