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assises et écoutaient en souriant des hommes qui leur parlaient à voix basse.

Tout le petit monde des jardins publics allait et venait dans la nuit naissante, avec des bruits ralentis de voix et de pas. Il y avait, tombant des arbres, une lueur verte et transparente ; le plafond de feuilles était bas, cachant le ciel ; et, à l’horizon, par des échappées, on apercevait les blancheurs des statues et des balustrades.

Daniel eut de la peine à trouver un banc libre. Il finit par en découvrir un, dans un coin écarté, et il s’assit, en poussant un soupir de soulagement. À l’autre extrémité du banc, un jeune homme lisait. Il leva la tête, regarda le nouveau venu, et ils échangèrent un sourire.

Comme l’ombre grandissait, le jeune homme ferma son livre. Puis, il promena un regard insouciant sur ce qui l’entourait. Daniel, pris de sympathie, oubliait ses propres affaires, pour suivre des yeux chaque mouvement de son voisin.

C’était un grand garçon, à la figure belle, un