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Un étonnement douloureux le prit devant la réalité. Il se mit franchement face à face avec sa tâche. Il se compara, lui chétif et misérable, à la délicate mission qu’il devait accomplir, et il trembla.

Sa mission était celle-ci : il avait charge d’âme ; il devait lutter contre le monde et le vaincre ; il lui fallait veiller sur un cœur de femme, lui faciliter le bonheur. Pour faire cela, il irait partout où irait sa protégée, il se tiendrait sans cesse à son côté, afin de la défendre contre les autres et contre elle-même.

Il lui faudrait donc monter jusqu’à elle et même se mettre au dessus d’elle. Il vivrait dans sa demeure, où tout au moins aurait ses entrées dans les maisons qu’elle fréquenterait. Il serait un homme du monde, et c’était ainsi qu’il pourrait lutter avec avantage.

Puis, il songeait à lui et se jugeait. Il était laid, timide, maladroit, pauvre. Il se trouvait dans la rue, sans parents, sans amis ; il ne savait même pas où il irait manger et coucher,