Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

autrefois, et il avait hâte de se réfugier dans la solitude. Sa sensibilité délicate était brisée par les paroles grossières de ces malheureux, qui, comptant sur l’impunité, satisfaisaient leurs basses rancunes.

Puis, l’indignation le prit, il revint et regarda les insolents en face. Ceux-ci eurent peur d’être allés trop loin, ils se turent, un peu embarrassés, prêts à ramper, s’il l’eût fallu.

Le jeune homme les tint ainsi silencieux, sous ses regards clairs et droits. Il reprit ensuite sa marche, et, se sentant presque défaillir, après cette minute d’énergie, il monta lentement l’escalier.

Au second étage, il rencontra M. de Rionne qui descendait. Il se rangea contre le mur. Le maître de la maison, qui le connaissait à peine, le regarda en se demandant ce que venait faire chez lui cet étrange garçon.

Daniel ne se méprit pas sur ce regard. Il en comprit l’interrogation muette, et, s’il ne parla pas, c’est que sa langue s’était collée à son