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des pas et le murmure croissant des conversations. Chacun causait avec son voisin de ses petites affaires, chacun s’animait peu à peu, respirant à l’aise, heureux. Daniel, les regards à terre, la tête nue, dans une douleur muette, songeait à cette mère qu’il venait de perdre, il évoquait les souvenirs de sa jeunesse, il se rappelait les plus minces détails de la nuit de mort ; et c’était là une rêverie triste et profonde où son cœur se perdait.

Et ses oreilles, malgré lui, entendaient ce que les domestiques disaient. Les paroles arrivaient jusqu’à son intelligence, brutales et nettes. Il ne voulait point écouter, et pas un mot ne lui échappait. Tandis que son pauvre être saignait, tandis qu’il se donnait tout entier au désespoir de l’adieu suprême, il était, pour ainsi dire, de moitié dans les conversations cyniques des valets de chambre et des cochers.

Derrière lui, se trouvaient deux domestiques qui discouraient avec animation. L’un tenait pour Monsieur, l’autre pour Madame.