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à pas et sûrement, à se reposer dans une solution définitive et complète. Il faisait ainsi de la poésie à sa façon.

Il se replia sur lui-même. Sa nature et les circonstances le conduisirent à une vie contemplative. Il était à l’aise dans la science car il n’y trouvait pas les hommes, il n’y trouvait pas ses camarades, qui riaient de ses cheveux jaunes. Toute société humaine l’effrayait, il préférait vivre plus haut, dans la spéculation pure dans la vérité absolue. Là, il poétisait à son aise, il n’était plus embarrassé de sa personne gauche. Ces savants, ces vieux enfants aux allures timides, que l’on rencontre dans les rues, sont parfois de grands poètes.

Raillé par ses compagnons, vivant dans une tension d’esprit incessante, Daniel mit ses tendresses au plus profond de son être. Il n’avait à aimer en ce monde que cette mère inconnue qui veillait sur lui, et il l’aimait avec toute la fougue des passions uniques. À côté du mathématicien poète, il y avait en lui un amant pas-