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elle se maria, elle ne parla même pas à M. de Rionne de son enfant adoptif. C’était là une de ses bonnes œuvres secrètes qu’elle cachait.

Au lycée, les attitudes gauches de Daniel, sa timidité d’orphelin lui attirèrent les plaisanteries de ses camarades. Il fut profondément blessé de ce rôle de paria. Ses allures en devinrent plus maladroites. Il resta solitaire, et son âme garda ainsi des innocences. Il échappa à ces premières leçons du vice que les petits hommes de quinze ans se donnent entre eux. Il ignorait tout, ne savait pas un mot de la vie.

Dans cette solitude que sa gaucherie lui créait, il s’était pris d’un amour ardent pour le travail. Son intelligence vive et passionnée qui aurait dû en faire un poète, le poussa, par une apparente contradiction, vers l’étude des sciences. C’est qu’il y avait en lui un désir immense de vérité.

Il goûtait des joies profondes à vivre dans le monde exact des chiffres, à chercher le vrai, pas