Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle avait fixé sur Daniel son dernier regard, regard suppliant et impérieux. Il soutenait Jeanne, sa mission commençait.

Devant le corps de sa femme, M. de Rionne s’agenouilla, en se rappelant qu’on s’agenouille d’habitude. Le médecin venait de se retirer, et une des gardiennes se hâta d’allumer deux cierges. Le prêtre, qui s’était levé pour offrir un crucifix aux lèvres de Blanche, reprit ses prières.

Daniel avait gardé Jeanne dans ses bras, et, comme l’air de la chambre devenait étouffant, il s’était mis à la fenêtre de la pièce voisine. Là, il pleurait en silence, tandis que l’enfant s’amusait à suivre les lueurs rapides des voitures qui passaient sur le boulevard.

L’air était calme. Au loin, on entendait les clairons de l’École militaire qui sonnaient la retraite.