Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remords. Si je vous ai offensé, pardonnez-moi, comme je vous pardonne.

Ces paroles agirent très vivement sur les nerfs de M. de Rionne, et son cœur se brisa. Il ne se débattait plus contre l’ennui des larmes.

— Je n’ai rien à vous pardonner, balbutia-t-il. Vous êtes bonne. Je regrette que nos caractères différents nous aient séparés l’un de l’autre. Vous voyez, je pleure, je suis désespéré.

Blanche le regardait parler avec effort. Il lui faisait pitié. Cet homme ne trouvait pas un mot pour s’accuser, il ne joignait pas les mains pour lui demander pardon. Il était simplement ivre de peur.

Elle comprenait que, si Dieu l’eût épargnée, par miracle, il aurait le lendemain repris sa vie, l’abandonnant de nouveau. Elle mourait, et ce n’était pas une leçon pour lui, c’était uniquement un accident lamentable, auquel il était forcé d’assister et qui le torturait.

Elle se remit à sourire, le regardant en face, le dominant.