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son cœur était vide et qu’elle avait pu mettre un gardien au côté de sa fille, elle ne se sentait plus le besoin d’être rassurée.

Son mari était là, et elle s’en étonnait presque. Elle le regardait sans rancune, comme une personne que l’on connaît et à qui l’on sourit avant de partir. Puis, à mesure que la vie revenait, elle se rappelait, elle avait presque pitié de cet homme que sa lâcheté rendait indigne. Elle était pleine de miséricorde.

— Mon ami, dit-elle – et ses paroles n’étaient qu’un souffle – vous avez bien fait de venir. Je mourrai plus calme.

M. de Rionne, touché par cette plainte douce, sanglota de nouveau.

Blanche reprit :

— Ne vous désespérez pas. Je ne souffre plus, je suis paisible, je suis heureuse. Je n’ai plus qu’un désir, c’est d’effacer tout le dissentiment qui a pu exister entre nous. J’ai besoin de ne pas emporter de mauvaises pensées, et je ne veux pas que vous viviez avec le moindre