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comme une alcôve. Il la plaisanta, se mit à l’aise, oublia tout. Comme elle continuait de faire la moue, il parla de la mener, en loge fermée, à une première représentation, qu’on devait donner le soir. Il allait avoir raison de son ennui, lorsqu’une femme de chambre entra et dit qu’on le demandait en toute hâte chez lui.

M. de Rionne resta glacé. Un remords brusque l’avait pris au cœur. Il n’osa embrasser sa maîtresse, et se sauva, après lui avoir serré la main. Mais, dans l’escalier, il se dit qu’après tout il aurait bien pu embrasser la jeune femme. La vérité était qu’il craignait de l’avoir blessée et de ne pouvoir revenir plus tard, lorsqu’il en aurait fini avec ces déplorables histoires.

En bas, il trouva Louis, son valet de chambre, un grand garçon blanc et froid dont il avait fait sa créature. Louis avait le mérite de ne jamais s’émouvoir, de ne jamais parler, de ne jamais entendre : c’était une excellente machine que l’on montait et qui fonctionnait. Mais il y avait, à bien le regarder, une ombre de sourire aux