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sur pied. Il disait ces choses d’une voix rapide et saccadée, inquiet, cherchant à retrouver l’heureux équilibre qu’on voulait lui faire perdre.

Enfin, vers le soir, il courut en toute hâte chez Julia. Mais il n’était pas complètement rassuré, il se souvenait par instants et se retournait, comme si quelqu’un se trouvait là, pour lui apprendre une mauvaise nouvelle. Si, de plusieurs jours, il ne pouvait voir son cher vice, il pensait qu’en se dépêchant il aurait bien encore le temps de l’embrasser une fois. Puis, au bout d’une demi-heure, il avait retrouvé son calme égoïste. Le petit salon bleu de sa maîtresse était un coin perdu où il vivait à l’aise, dans les senteurs aimées. Il venait là comme un chien va à sa niche, parce qu’il y avait chaud.

Mais Julia, ce jour-là, était nerveuse, d’humeur fantasque. Elle l’avait fort mal reçu. Il ne s’en inquiétait guère, car ce qu’il aimait en elle, c’étaient les parfums légers de son corps, ses vêtements à peine attachés, sa liberté de paroles et d’allures, son logis en désordre, discret