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L’AMOUR SOUS LES TOITS.

Elle a la démarche tout à la fois hardie et effarouchée, l’effronterie et la peur des moineaux du Luxembourg. Elle est l’oiseau alerte du pavé parisien ; c’est là son terroir, sa patrie. On ne rencontre nulle autre part ce sourire attendri, cette allure décidée, cette élégance native. L’enfant, toute simple et toute rieuse, a le plumage modeste et la gaieté éclatante de l’alouette.

Le lendemain, quelle joie dans les bois de Verrières ! Il y a là des fraises et des fleurs, de larges tapis d’herbe et des ombrages épais. Marthe prend de la gaieté pour toute une semaine. Elle s’enivre d’air et de liberté, touchée aux larmes par le bleu clair des cieux et le vert sombre des feuillages. Puis, le soir, elle s’en revient avec lenteur, une branche de lilas à la main, ayant plus d’amour et plus de courage au cœur.

C’est ainsi qu’elle s’est arrangé une vie de travail et de tendresse. Elle a su gagner son pain et se garder pour qui bon lui semble.

Qui oserait gronder cette enfant ? Elle donne