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L’AMOUR SOUS LES TOITS.

table et quatre chaises. La petite pièce est trop meublée.

Le nid est morne, lorsque l’oiseau n’y est pas. Dès que Marthe entre, le grenier entier se met à sourire. Elle est l’âme de cet univers, et, selon qu’elle rit ou qu’elle pleure, le soleil entre ou n’entre pas.

Elle est assise devant une petite table. Elle coud en chantant, et les moineaux du toit répondent à ses refrains. Elle a hâte de finir son ouvrage ; elle se sait attendue, car elle doit le lendemain gagner les hauteurs ombreuses de Verrières.

Son cœur a parlé, s’il faut tout dire, et elle a parfaitement entendu ce que son cœur lui a dit. Voici deux mois qu’elle lui a obéi. Elle n’est plus seule au monde, elle a rencontré un bon garçon. Comme elle est une bonne fille, elle s’est laissé aimer, et elle a aimé elle-même.

Voyez-la dans la rue, son ouvrage à la main. Elle saute légèrement les ruisseaux, retroussant ses jupes, découvrant des chevilles délicates.