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L’AMOUR SOUS LES TOITS.

Et la belle enfant se constitua ainsi citoyenne de la république des bonnes filles travailleuses et aimantes.

Depuis ce jour, Marthe habite sous les toits une petite chambre pleine de soleil. Vous le connaissez, ce nid que les poètes ont décrit. Le seul luxe du ménage est une propreté exquise et une gaieté inépuisable. Tout y est blanc et lumineux. Les vieux meubles eux-mêmes y chantent la chanson de la vingtième année.

Le lit est petit, tout blanc, comme celui d’une pensionnaire ; seulement, à l’extrémité de la flèche qui supporte le rideau, se balance un Amour en plâtre doré, les ailes et les bras ouverts. À la tête de la couche, sourit un buste de Béranger, le poète des greniers ; contre les murs, sont collées des lithographies, des perroquets jaunes et bleus, des gravures tirées du Voyage de Dumont-d’Urville ; sur une étagère, s’étale tout un monde de porcelaines et de verreries, gagnées dans les fêtes foraines.

Ensuite, il y a une commode, un buffet, une