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paisibles sur les lèvres. Et voilà qu’elle pleure, voilà que son cœur a saigné comme le mien, voilà qu’elle est ma sœur en souffrance et en abandon !

Son âme était navrée. Il se taisait, épouvanté des tristesses qu’il entrevoyait. C’était le premier pas qu’il faisait dans la science de la vie, et tout son être ignorant se révoltait en face de l’injustice du malheur. Il n’eût pas autant frémi, s’il se fût agi d’une tête moins chère, mais la cruelle réalité se révélait en le frappant dans son unique affection. Il avait comme un frisson de peur, car il sentait bien que, dès ce moment, il lui faudrait vivre et lutter. Pourtant, son besoin de se dévouer le poussait à écouter ardemment cette confession dernière. C’étaient des ordres suprêmes qu’il recevait, il attendait que son devoir lui fût dicté.

Mme de Rionne, à son silence, comprit ce qui se passait au fond de lui. Elle le sentit trembler en enfant peureux, et elle eut comme un regret de troubler ce cœur tranquille. Par une