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LES REPOUSSOIRS.

III

Je voudrais avoir plus de souffle, et j’écrirais l’épopée de la création de l’agence Durandeau. Ce serait là une épopée burlesque et triste, pleine de larmes et d’éclats de rire.

Durandeau eut plus de peine qu’il ne pensait pour se former un fonds de marchandises. Voulant agir directement, il se contenta d’abord de coller le long des tuyaux de descente, contre les arbres, dans les endroits écartés, de petits carrés de papier sur lesquels ces mots se trouvaient écrits à la main : On demande des jeunes filles laides pour faire un ouvrage facile.

Il attendit huit jours, et pas une fille laide ne se présenta. Il en vint cinq ou six jolies, qui demandèrent de l’ouvrage en sanglotant ; elles étaient entre la faim et le vice, et elles songeaient encore à se sauver par le travail. Durandeau, fort embarrassé, leur dit et leur répéta