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LES REPOUSSOIRS

I

À Paris, tout se vend : les vierges folles et les vierges sages, les mensonges et les vérités, les larmes et les sourires.

Vous n’ignorez pas qu’en ce pays de commerce, la beauté est une denrée dont il est fait un effroyable négoce. On vend et on achète les grands yeux et les petites bouches ; les nez et les mentons sont cotés au plus juste prix. Telle fossette, tel grain de beauté représentent une rente fixe. Et, comme il y a toujours de la contrefaçon, on imite parfois la marchandise du bon Dieu, et on vend beaucoup plus cher les faux sourcils faits avec des bouts d’allumettes brûlées, les faux chignons attachés aux cheveux à l’aide de longues épingles.