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banlieue, des bosquets des bals publics. Elle trouvait moyen de travailler toute la journée et de rire toute la nuit. Les uns assuraient qu’elle ne dormait jamais ; les autres se moquaient doucement, en entendant ces paroles.

Elle menait ainsi une vie libre. Elle vivait dans la santé du travail, dans les voluptés tendres de l’amour. Elle donnait son cœur en aumône, ne comptant point ses baisers, croyant à l’éternité de sa jeunesse.

Cendrine, Risette, l’enfant aux cheveux cendrés, l’amante qui riait toujours pour creuser la fossette de son menton, chantait à haute voix la chanson de la seizième année, ayant hâte d’aimer, d’aimer beaucoup, pour ne point perdre le temps. Elle usait ses petits pieds à courir dans les herbes, sur le plancher des bals, partout où il y avait des baisers dans l’air.