Quelles pensées de jeunesse emplissaient alors ces pauvres corps amincis par l’âge ? Quels souvenirs des printemps lointains donnaient un soupir à ces lèvres fermées ?
Et, alors, je me demandais quelles jeunes filles avaient jadis été les vieilles aux yeux bleus. Il devait y avoir en elles des histoires terribles et douces. D’où venaient-elles, toutes semblables, avec leurs chapeaux noirs, leurs châles verts ? Qui les avait mises ainsi sur le pavé de Paris, isolées, toutes sœurs de visage et de vêtements ? Elles arrivaient du mystère, elles ne paraissaient point se connaître, et cependant, à les voir, on aurait juré qu’elles appartenaient à une même et lamentable famille.
Qui sait ? peut-être étaient-elles nées ainsi, vieilles et courbées. Ou peut-être avaient-elles eu une même jeunesse, ardente, qui, après avoir brûlé leurs chairs, les conservait immortelles, sèches et rigides.
Je me plaisais à cette dernière pensée. Je les voyais, vêtues de mousseline blanche, avec des