Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous avez raison dit-elle d’une voix rapide, j’ai une mission à vous confier. C’est Dieu qui vous a mis là, à genoux, devant mon lit de mort. Le ciel m’a fait vous tendre la main pour que vous puissiez un jour me tendre la vôtre. Relevez-vous, mon ami, car c’est moi qui vous supplie maintenant, c’est moi qui vous demande de me consoler et de me protéger.

Et, quand Daniel se fut assis :

— Écoutez, j’ai peu de temps. Il me faut tout vous dire. J’implorais la venue d’un bon ange, je veux croire que vous êtes cet ange que Dieu m’envoie. J’ai foi en vous : je vous ai vu pleurer.

Et, brusquement, elle vida son cœur. Elle oublia qu’elle parlait à un enfant. Cette pauvre âme, pleine d’anxiété, s’épanchait et se soulageait, disant dans la mort ce qu’elle avait caché toute la vie.

Les adorations ardentes et humbles du jeune homme avaient amolli son stoïque courage d’épouse. Elle était heureuse de se confesser