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des savates de tous les locataires. Elle songe, et il lui prend des envies féroces de décrotter quelque chose, ne serait-ce qu’une pauvre petite paire de bottes. Elle a la passion du cirage, comme d’autres ont la passion des fleurs ; c’est son goût honteux à elle ; elle y trouve d’étranges délices. Alors, elle se lève et va, dans son luxe, dans sa beauté immaculée, gratter les semelles du bout de ses mains blanches, et vautrer sa délicatesse de grande dame dans la sale besogne d’un laquais.

Le comte tousse légèrement, et, lorsqu’elle a levé la tête, surprise, il lui prend les bottes des mains, les chausse, lui donne cinq sous et se retire tranquillement.

VI

Le lendemain la vierge au cirage se fâche et écrit au comte. Elle réclame un dédit de cent mille francs.