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veux qui tombent sur ses yeux. Sa poitrine et ses bras d’albâtre sont couverts de mouches, les unes minces comme des piqûres d’aiguilles, les autres larges comme des lentilles : le cirage, chassé par les crins de la brosse, a constellé cette blancheur éclatante d’étoiles noires. Elle pince les lèvres, les yeux humides et souriants ; elle se courbe amoureusement sur la botte, paraissant plutôt la caresser que la frotter ; elle, est toute à sa besogne, et s’oublie dans une jouissance infinie, secouée par ses mouvements rapides, attentive jusqu’à l’extase.

La baie vitrée verse sur elle sa lumière froide. Un large rayon blanc tombe droit, enflamme la chevelure, donne des tons rosés à la peau, bleuit tendrement les dentelles, montre cette merveille de grâce et de délicatesse étalée en pleine boue.

Elle est là, gourmande et heureuse. Elle est fille de son père, fille de sa mère. Chaque matin, au réveil, elle songe à sa jeunesse, cette belle jeunesse passée dans l’escalier gluant, au milieu