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Au milieu, sur un paillasson, est assise la belle aux cheveux d’or, les pieds ramenés sous elle.

À sa droite est un pot de cirage, avec un pinceau et une brosse noircie par l’usage, encore grasse et mouillée. À sa gauche est une botte, luisante comme un miroir, chef-d’œuvre de l’art délicat du décrotteur. Autour d’elle sont semés des éclats de boue, une fine poussière grise. Plus loin, gît le couteau qui a servi à décrotter les semelles.

Elle a, entre les mains, la seconde botte. Un de ses bras disparaît tout entier dans le fourreau de cuir ; sa petite main tient une énorme brosse aux crins longs et soyeux ; et elle frotte avec acharnement le talon qui s’obstine, paraît-il, à ne pas reluire.

Elle a emmailloté, dans ses dentelles, ses jambes nues, qu’elle tient écartées. Des gouttes de sueur roulent sur ses joues et sur ses épaules ; et, par instants, il lui faut s’arrêter une seconde, pour rejeter avec impatience des boucles de che-