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claire qui livre tous les secrets de sa limpidité.

Le comte regarde le rideau et se demande machinalement combien peut coûter le mètre de cette étoffe. Il additionne, il multiplie, par pure distraction, et arrive à un gros chiffre. Puis, sans le vouloir, entraîné par la relation des idées, il évalue la chambre à coucher entière, et il trouve un total énorme.

Sa main s’est posée sur le lit, au bas de l’oreiller. La place est tiède. Le comte oublie le temple pour songer à l’idole. Il regarde la couche, ce désordre voluptueux que laisse toute belle dormeuse ; et, à la vue d’un fil d’or qui brille sur la blancheur de la toile, il se perd dans la pensée de cette femme douce et terrible.

Puis, deux idées se rapprochent et s’unissent dans son esprit : il songe à la femme et à la chambre, tout à la fois. Il trouve que l’une est digne de l’autre. Sa pensée se complaît dans une longue comparaison entre la femme et les meubles, les tentures, les tapis. Tout y est harmonieux, nécessaire et fatal.