Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II

Elle repose sur son bras gauche, plié mollement. Elle va s’éveiller tout à l’heure. En attendant, elle soulève à demi les paupières, regardant, pour s’habituer au jour, le rideau bleu-ciel de son lit.

Elle est là, perdue au milieu de la dentelle de ses oreillers. Elle paraît abîmée dans la moiteur et dans la fatigue délicieuse du réveil ; son corps s’étend blanc et inerte, à peine soulevé par un léger souffle. On aperçoit des pâleurs rosées aux endroits où la batiste s’écarte. Rien n’est plus riche que cette couche et cette femme. Le cygne divin a un nid digne de lui.

La chambre à coucher est une merveille, d’un bleu tendre, douce, discrète ; les couleurs et les parfums y sont attiédis ; l’air y est languissant, agité de courts frissons. Les rideaux ont de larges plis paresseux, les tapis s’étendent sourds