Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

front bas, des yeux minces et longs, presque gris ; le nez est sans doute irrégulier, capricieux ; la bouche, un peu grande, d’un rose pâle. Qu’importe, d’ailleurs ? On ne saurait détailler ses traits, arrêter le contour de son visage. Elle grise à première vue, comme un vin puissant grise au premier verre. On ne voit qu’une blancheur dans une flamme rouge, un sourire rose et un regard au reflet d’argent dans un rayon de soleil. La tête tourne, et on lui appartient trop déjà pour pouvoir étudier une à une ses perfections.

Elle est de taille moyenne, je crois, un peu grasse et lente dans ses mouvements. Elle a des mains et des pieds de petite fille. Tout son corps exprime une volupté paresseuse. Un seul de ses bras nus, plein et éblouissant, donne un vertige de désir. Elle est la reine des soirées de mai, la reine des amours qui s’apaisent en une nuit.