Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

trouver les horizons changés ; par instants, il croyait marcher dans une contrée lointaine et inconnue. Il n’était plus le cœur brûlant qui jetait ses sanglots au vent du large, il n’enfiévrait plus l’immensité bleue de ses angoisses, et l’infini s’était voilé d’une brume.

Bientôt, il lui devint impossible de sortir. Il resta à la fenêtre des journées entières, regardant la mer. Il se prit d’un nouvel amour pour elle ; il la regardait avec passion, et il savait qu’elle hâtait sa mort, car son bruit sourd frappait dans sa poitrine à le faire pleurer. Puis, il se soulageait, s’anéantissait, à se perdre dans l’infini bleu, l’infini des eaux et l’infini du ciel. Cette grande pureté sans tache charmait ses délicatesses de malade. Rien ne blessait ses regards affaiblis, dans ce large trou d’azur qui lui semblait s’ouvrir sur l’autre vie. Tout au fond, il voyait parfois des lueurs aveuglantes où il aurait voulu s’anéantir.

Puis, il dut garder le lit. Il n’eut plus devant les yeux que le plafond blafard. La journée