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Elle se rappelait la dernière conversation qu’elle avait eue avec Daniel, et elle était épouvantée des souffrances qu’elle avait du lui causer. Elle venait de voir, comme dans un éclair, la vie du malheureux ; elle se sentait une pitié immense, un besoin de se faire pardonner.

« Nous ne pouvons permettre ce meurtre, dit-elle d’une voix rapide. Il faut savoir nous sacrifier, nous aussi. Nous serions malheureux, voyez-vous, si notre bonheur coûtait tant de larmes.

— Que voulez-vous faire ? demanda Georges.

— Ce que vous feriez à ma place. Dictez-moi vous-même mon devoir. »

Georges la regarda en face, et, doucement :

« Allons retrouver Daniel », dit-il.

Le soir, il reçut une lettre de son ami qui l’inquiéta. Cette lettre fiévreuse ressemblait à un dernier adieu. Daniel se trouvait, disait-il, légèrement indisposé ; il cherchait à rire, et des plaintes lui échappaient, malgré tout son courage.