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— Je vous dois tout, et je n’ai que mes larmes aujourd’hui pour vous prouver mon dévouement. Je me considérais comme votre œuvre, je voulais que cette œuvre fût bonne et belle. Ma vie entière devait vous montrer ma reconnaissance, je désirais vous rendre fière de moi. Et, maintenant, je n’ai que quelques minutes pour vous remercier. Vous allez croire que je suis un ingrat, car je sens que mes lèvres sont inhabiles, qu’elles disent mal ce que j’ai dans le cœur. J’ai vécu seul, je ne sais point parler… Que vais-je devenir, si Dieu n’a pas pitié de vous et de moi ?

Mme de Rionne écoutait ces paroles entrecoupées, et une grande douceur descendait en elle. Elle prit la main de Daniel.

— Mon ami, dit-elle, je sais que vous n’êtes pas un ingrat. Je veillais sur vous, et on m’a dit quelle est votre gratitude. Vous n’avez que faire de chercher des mots pour me remercier, vos larmes apaisent mes souffrances.