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Il cacha l’état de son cœur à tout le monde, même à Daniel surtout à Jeanne. Lorsqu’il découvrit la vérité, il n’était plus temps de fuir. Alors, il s’abandonna, il n’eut pas le courage de renoncer à son premier amour ; il continua à venir dans le petit salon bleu, passant là des heures délicieuses, n’osant se demander quel serait le dénouement.

Parfois, Jeanne le regardait en face, fixement. Elle semblait vouloir pénétrer jusqu’au fond de son être et y chercher une pensée cachée. Sous ce regard interrogateur, il se troublait, et il voyait alors passer sur les lèvres de la jeune femme l’ombre d’un sourire tendre et discret.

Un jour, comme les deux amis se présentaient chez elle, ils apprirent une nouvelle inattendue. Lorin venait de mourir subitement à Londres. Ils s’en revinrent, très émus. Ils ne pouvaient pleurer Lorin ; ils songeaient simplement que le petit salon bleu allait leur être fermé. Cette mort, qui rendait la liberté à la femme qu’ils aimaient tous les deux, leur donna plus de