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pleine d’émotions divines Il marchait comme dans un rêve ; il vivait ailleurs, plus haut et plus loin. Tous ses emportements s’en étaient allés ; il ne souhaitait rien, il n’avait que le désir de rester toujours dans ce paradis d’un amour ignoré et satisfait.

Il n’avait pu résister au besoin d’écrire de nouveau à Jeanne, et ses lettres étaient maintenant d’un apaisement tendre. « Vivons ainsi, lui disait-il ; que je sois simplement pour vous ce que l’homme est devant la divinité : une prière, une adoration, un souffle humble et caressant. » Puis, il lui montrait le ciel ouvert, il la détournait de la terre mauvaise.

Jeanne obéissait à ce pur esprit qui s’était pris d’amour pour une mortelle. Elle l’acceptait comme un gardien, un soutien invisible qu’elle ne devait pas connaître.

Daniel se rendait souvent chez la jeune femme, et il prenait un plaisir aigu dans l’étrange situation qu’il s’était créée. Après chaque nouvelle