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les flammes douces de ses regards, et il goûtait une joie infinie dans les signes de cet amour qui lui appartenait.

Il se jurait de se contenter ainsi. La réalité l’effrayait, l’idée de se faire connaître lui donnait un frisson, car il redoutait que Jeanne, alors, n’aimât plus.

Mais tout cela était loin. Il s’oubliait dans l’heure présente. Jeanne se trouvait là, devant lui, bonne et charmante, pleine du rêve radieux qu’il lui avait envoyé, et il se perdait dans sa contemplation.

Georges était charmé, lui aussi. La jeune femme causa particulièrement avec lui. Daniel craignait, en parlant, de sortir du songe qu’il faisait. Tandis qu’il demeurait silencieux, Jeanne questionnait Georges sur ses travaux, et une vive sympathie naissait entre eux.

Il fallut enfin quitter le petit salon bleu. Les deux amis promirent de revenir. Tous deux laissaient leur cœur dans ce coin doux et discret.

Pendant trois mois, Daniel mena une existence