Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Pourquoi diable te sauves-tu ainsi ? demanda-t-il dans la rue à son ami.

— Je n’aime pas Lorin, balbutia Daniel.

— Parbleu ! je ne l’aime pas plus que toi. J’aurais voulu rester pour deviner ce qui rend sa femme si languissante… Nous reviendrons, n’est-ce pas ?

— Oh ! oui. »

Ils firent le chemin à pied. Georges réfléchissait, et, par instants, des sensations inconnues faisaient monter à sa tête un sang chaud et rapide ; il s’abandonnait à une rêverie tendre, toute nouvelle pour lui. Daniel, sombre et pressé, marchait la tête basse, ayant hâte de se trouver seul.

Lorsqu’il fut monté dans sa chambre, il s’assit et éclata en sanglots. Il tremblait, il s’accusait d’être revenu trop tard. Il sentait bien que la faute n’était pas commise encore, mais il ne savait quel parti prendre pour réagir tout de suite et avec violence. Les paroles de la morte lui revenaient à la mémoire. « Quand vous serez homme, avait-elle dit, rappelez-vous mes paroles :