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Lorin perdaient de leur élégance d’autrefois, et qu’il parlait d’une voix légèrement enrouée. Il eut pitié de Jeanne.

« Eh bien ! comptez sur nous, dit-il, nous irons vous voir prochainement. »

Et il s’éloigna, emmenant Georges, qui n’avait pas prononcé une parole et qui s’était oublié à regarder Jeanne avec une admiration sympathique. Au bout de quelques pas :

« Tu connais donc la femme de Lorin ? demanda Georges.

— Oui, répondit simplement Daniel, elle est la nièce du député chez lequel j’ai travaillé.

— Je la plains de tout mon cœur, car son butor de mari ne doit guère la rendre heureuse… Tu comptes aller les voir ?

— Certainement.

— Je t’accompagnerai… Cette pauvre jeune femme, avec ses grands yeux tristes, m’a causé une étrange émotion. »

Daniel parla d’autre chose. Il était très ému, lui aussi, et il se disait avec une joie amère que