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les salons. Daniel, qui s’était tout particulièrement chargé de la rédaction, y avait mis son âme.

Les deux jeunes auteurs étaient célèbres, ils se virent accueillis avec empressement. Georges, qui atteignait le but rêvé, vivait dans une sérénité joyeuse. Daniel, au contraire, semblait s’acquitter avec conscience d’une tâche dont l’accomplissement le laissait froid.

Un jour, Georges le mena à une soirée que donnait un haut personnage. Il l’y accompagnait, poussé par un pressentiment.

La première personne qu’il aperçut en entrant dans le salon, fut Jeanne, au bras de Lorin. Il l’avait à peine entrevue une ou deux fois depuis son retour à Paris, et il fut inquiet de son air de tristesse. Elle ne riait plus, avec ses dédains légers de jeune fille ; le sourire de ses lèvres était pâle, les larmes avaient rendu ses paupières lourdes.

Lorin vit ses anciens amis, et il vint à eux vivement. Il était enchanté de pouvoir leur serrer la main en pleine foule.