Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il partit, laissant Georges désespéré, ignorant tout.

Lorsqu’il vit la grande mer bleue s’étendre devant lui, il se sentit plus calme, il ne lui resta qu’une tristesse profonde. Il loua une chambre dont la fenêtre donnait sur les vagues, et il vécut pendant un an, oisif et ne s’ennuyant point, mangeant au jour le jour les quelques économies qu’il avait faites.

Il demeurait des journées entières immobile, en face de la mer. Le bruit des flots avait comme un écho dans sa poitrine, et il laissait bercer ses pensées. Il s’asseyait sur une pointe de rocher, tournant le dos aux vivants, s’absorbant dans l’infini. Et il était seulement heureux, lorsque les vagues avaient endormi sa mémoire et qu’il était là, inerte, en extase, dormant les yeux ouverts.

Alors, une étrange hallucination le hantait. Il croyait être le jouet des flots, il s’imaginait que la mer était montée le prendre et qu’elle le balançait maintenant avec douceur.