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Daniel ne dormit pas de la nuit. Les idées se heurtaient dans son cerveau, sans qu’il pût savoir à quoi s’arrêter. Par instants, il se disait que Lorin mentait, que jamais Jeanne ne l’épouserait ; puis, il lui prenait des peurs terribles, il était persuadé que le mariage allait avoir lieu. Ce qui dominait en lui, c’était une douleur dont la flamme cuisante lui brûlait la poitrine. Lorsque Jeanne et Lorin lut apparaissaient côte à côte, il avait des emportements de rage furieuse.

Quand vint le jour, il tâcha de se calmer. Il n’avait, après tout, pour se désespérer et s’irriter de la sorte, que les paroles de Lorin.

Rien peut-être n’était décidé. Il fallait voir. Et il descendit, cherchant à lire sur les visages.

M. Tellier avait son air de tous les jours : on ne trouvait jamais rien sur cette face épaisse. M. de Rionne était visiblement enchanté ; il avait mille attentions pour sa fille, il la regardait comme une chose précieuse qu’on craint de perdre.

Quant à Mme Tellier, elle riait nerveusement.